Waxing Moon est un projet musical très mouvant et libre proposant un regard personnel aux musiques d’orient au sens large, sa démarche est de privilégier l’improvisation comme liberté, cette dernière permettant de lui redonner un souffle nouveau par une ouverture aux différents langages musicaux d’aujourd’hui ( jazz et assimilés), ou d’établir des liens avec des styles musicaux ou des expressions artistiques (textes poétiques, films ou supports audiovisuels) différents. Entre la virtuosité d’une guitare électrique aux couleurs intuitionnistes (Yacine Amarouchene) et le lyrisme hautement émotionnel d’un oud (Ziad Ben Youssef) une histoire se raconte… dans le propos de ce duo, à travers des thèmes de la tradition comme prétexte, des compositions originales ou des improvisations du moment …
« Une voix monte des profondeurs déchirée, déchirante. Fébrile, elle se mêle à…pesante s’amoncelle sur…fragile se morcelle par…une voix de lecteur qui virgule les mots-chapelets et trait d’unit les mots-incantation. Nouées d’angst poétique, dénouées par les vibrations sonores, ces voix renvoient l’une à l’autre par effet d’anamorphose, de contorsion, d’écho lancinant, d’écholalie vibrante, « comme (celle de) l’enfant égaré, comme (celle de) l’ensorcelé » du poème. Ce duo est plutôt le jeu de Soi en l’Autre qui se déploie, du Je-est-un-Autre qui ploie sous la grimace grinçante d’ins-tru-ments déments-truands. Ce duo est la réplique d’une voix dévoyée d’elle-même, gorgée d’électroa-caustique, égorgée par la percus-scie-on, dégorgée par la guitare-émétique.
Les mots tombent comme un couperet acéré de la voix du lecteur lacérée, tel un supplice de la goutte, réitérant les maux de la voix de fond, ventriloque, amplifiée, gémissante. Cette double Pythie en transe annonce l’oracle d’un cheminement sans fin vers une mort incertaine, au rythme des égarements dans un monde aux contours fantasmagoriques.
Cette composition musicale est une ébriété sans flacon de verre, en flocons de vers, qui nargue la sobriété ; un cauchemar en pleine lumière ; qui est plus torturé et tortionnaire que l’autre ? La musique, les voix ou le poème ? Une trinité endiablée qui inverse les rôles, traverse tous les râles, une maso-musique, compo-sadique perverse.
Voilà ! C’est juste ma façon de « lire » votre composition que j’ai trouvé magnifique. »
Selima Lejri – Auteure